... de santé, obtenir une attestation d’assurance, déclarer et régler ses impôts, payer la cantine des enfants, commander n’importe quoi – vêtements, chaussures, livres, produits de beauté, etc. –, il faut ouvrir un compte en ligne. Créer ou retrouver son identifiant s’il a été envoyé par courrier ou par e-mail, puis son code confidentiel. Il faut prouver que l’on est un être humain et non un robot, et pour cela reconnaître des images présentant une voiture, un camion, un avion… même si parfois, ce n’est pas très clair ! De temps à autre, il faut aussi accéder, sur une seconde messagerie électronique ou sur son mobile, à un code secret supplémentaire et unique qui ne sera valable que dix minutes…
Bien entendu, on reçoit de nombreux conseils pour éviter le piratage des comptes personnels: « Changez votre code régulièrement » ; « Ce mot de passe est faible » ; « Vous devez choisir huit caractères avec au moins une majuscule, un chiffre et un symbole spécial de type &, %, *… ».
Au début, on se dit qu’on va faire fonctionner sa mémoire. Mais en moins de 24 heures, on oublie le moindre mot de passe. Alors on commence à annoter des bouts de papier. Ensuite, on se renseigne auprès des personnes bien organisées, qui répondent qu’elles utilisent un carnet de codes. Eh oui ! Car il arrive aussi que l’on ne retrouve jamais son code ou que l’on se trompe plusieurs fois. Le compte personnel est alors bloqué 30 minutes, puis deux heures, puis une journée… On peut attendre longtemps.
Il y a encore le fameux code PUK du téléphone portable – que l’on n’a jamais sous la main ! Il y a même un mot de passe pour l’autoradio de la voiture. Après un changement de batterie, il faut recomposer ce code. Or, on ne le connaît pas car on a acheté le véhicule d’occasion. Et cela coûte 15 euros et une demi-heure d’attente chez le concessionnaire automobile pour le récupérer…
Avec les banques, c’est encore plus compliqué. Par exemple, un jour, votre banquier vous explique que si vous faisiez vous-même vos virements depuis votre compte en ligne, ce serait gratuit – et non pas 3,90 euros le virement. Mais vous n’avez jamais noté votre identifiant… reçu il y a 15 ans. Pour le retrouver, vous téléphonez à un service clients qui vous fait attendre, avant d’entendre que tous les conseillers sont occupés, que le temps d’attente est trop important, et la communication finit par être coupée.
Alors, tous les jours, je me demande comment font les personnes qui n’ont pas Internet, qui sont âgées, seules, et qui ne comprennent rien à ce monde de plus en plus déshumanisé…
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