... Français dans de nombreux modèles d’automobiles : Traction Avant, 2CV, DS, Ami 6, Dyane, GS, CX ou encore Picasso. La marque a su concevoir des voitures certes, mais aussi nourrir l’imaginaire en créant des « évènements Citroën », en innovant en matière de publicité, en s’imposant au cinéma (encadré p. 36), ou encore en fournissant la voiture de fonction de plusieurs présidents de la République.
Un créateur infatigable
Au début du XXe siècle, les usines d’André Citroën (1878-1935) sont implantées dans le 15e arrondissement de Paris, quai de Javel, aujourd’hui rebaptisé « quai André-Citroën ». Derrière l’ingénieur, c’est surtout l’industriel qui a marqué son temps. Fasciné par les méthodes d’Henry Ford, le polytechnicien a commencé dans la production de masse d’engrenages (d’où les chevrons, symboles de la marque Citroën), puis d’obus pendant la Première Guerre mondiale, avant de se lancer dans un nouveau projet : l’automobile. Ses usines ont, pour la première fois en Europe, produit des véhicules en série, moins chers, qui n’étaient plus réservés aux classes aisées. Un peu plus de 28 000 Citroën type A seront construites de 1919 à 1921.
Constamment motivé par les défis techniques, André Citroën organise, en 1922, la traversée du Sahara en auto. Puis, en 1924, il lance la « croisière noire » à travers l’Afrique, à bord d’un nouveau modèle : l’autochenille. Vient ensuite la mythique « croisière jaune » à travers l’Asie en 1931 et, enfin, la « croisière blanche » en Alaska, en 1934.
André Citroën révolutionne non seulement l’industrie et l’automobile, mais aussi la publicité. En 1922, à la veille du Salon Automobile de Paris et dans le but de promouvoir sa dernière création, la « Trèfle », il fait écrire sur une longueur de cinq kilomètres le mot « Citroen » dans le ciel, avec la fumée d’un avion.
1919
C’est le début de la production en série de la Citroën type A, la première automobile pour tous. 28 000 exemplaires sortiront des usines du quai de Javel à Paris jusqu’en 1921.
1935
La célèbreTraction Avant. Ici, avec un de ses fans, l’acteur anglais Rupert Davies qui a incarné l’inspecteur Maigret dans une série télévisée de la BBC dans les années 1960.
1925
La tour Eiffel est transformée en « tour Citroën » à l’occasion de l’Exposition internationale des Arts décoratifs.
1931
André Citroën lance la « croisière jaune », une traversée de l’Asie à bord de l’autochenille. Ici, au Cachemire
1948
La 2CV, modèle très populaire produit à plus de cinq millions d’exemplaires jusque dans les années 1990
En 1925, cet admirateur de Gustave Eiffel (qui lui a donné envie de devenir ingénieur) et de Jules Verne (dont il admirait les aventures) transforme la tour Eiffel en « tour Citroën ». Pour l’ouverture de l’Exposition internationale des Arts décoratifs, le monument affiche, en lettres lumineuses, le nom du constructeur automobile sur 30 mètres de haut, révélant son patronyme aux visiteurs du monde entier. Tout au long de sa carrière, André Citroën organisera des évènements afin d’exhiber sa marque et ses voitures.
Mais la communication ne fait pas tout. Les usines Citroën feront finalement faillite en décembre 1934. En effet, les innovations successives, pas toujours bien vendues, ont ruiné l’entreprise. Le principal créancier de Citroën, la firme Michelin, prend alors les commandes de l’entreprise.
Le rassemblement du siècle
André Citroën meurt l’année suivante, à l’âge de 56 ans. Mais la saga Citroën continue. La marque lance la Traction Avant, l’une des premières voitures à comporter des roues avant motrices. Elle devient la voiture la plus populaire de France durant les années 1930. La Traction équipe l’armée française, et durant la Seconde Guerre mondiale, elle est utilisée tant par les résistants que par l’occupant. Sans cesse perfectionnée, la Traction va toutefois céder la place à la DS, au début des années 1950. Ce modèle est dessiné par le designer italien Flaminio Bertoni, comme tous les véhicules étonnants de Citroën (la 2CV, l’Ami 6 à vitre arrière inclinée vers l’intérieur,…). La DS est restée célèbre pour ses formes élancées. Accessible aux cadres et aux classes moyennes, elle est devenue dans les années 1960-1970 un symbole de réussite, celui des trente glorieuses, mais aussi de la France elle-même, puisque le général de Gaulle l’avait adoptée.
1955
Début de la commercialisation de la légendaire DS. Ici, avec le général de Gaulle à Marseille en 1958
1970
La Citroën SM, voiture de prestige produite à 13 000 unités pendant 5 ans
1974
Lancement de la production de la Citroën CX. Un an plus tard, en 1975, elle sera élue voiture de l’année.
1961
La Citroën Ami 6, aussi appelée « 3CV », a été produite à plus d’un million d’exemplaires de 1961 à 1969.
2009
La Citroën C3 Picasso, un « minispace » fabriqué à 500 000 exemplaires jusqu’en
2017
Cette année-là, au salon automobile de Francfort, la Citroën C3 Aircross (un SUV compact et connecté) fait partie des stars.
2003
Interprétation moderne de la 2CV, la Citroën C3 Pluriel, avec son toit à ouverture électrique, a reçu le titre de « Cabriolet de l’année » au Salon de Genève en 2003.
La marque aux chevrons doit aussi son succès à un autre modèle devenu emblématique : la 2CV. Ce modèle, extrêmement populaire, est produit de 1948 jusqu’aux années 1990. Tout comme en Italie où Vespa avait eu pour consigne de concevoir un deux-roues « capable de transporter un curé en soutane », en France, la 2CV devait pouvoir emmener « deux cultivateurs en sabots, 50 kg de pommes de terre ou un petit tonneau à une vitesse de 60 km/h pour une consommation de 3 litres au 100 » ! Un cahier des charges qui peut faire sourire à notre époque, mais qui a été respecté aussi longtemps que la France est restée rurale. Depuis, l’économie de la France a tangué comme une 2CV. Citroën a été rachetée par Peugeot, DS est devenue une marque à part entière, et des modèles comme la Méhari, la 3CV, l’Ami 6 ou la Xantia ont rejoint les musées. Une autre façon d’immortaliser la marque.
En juin, lors de son anniversaire, 100 modèles représentatifs des 100 ans de Citroën seront exposés dans une rue – probablement parisienne. Et du 19 au 21 juillet, le « Rassemblement du siècle » réunira 11 000 collectionneurs et 50 000 passionnés autour de véhicules anciens sur le site de La Ferté-Vidame, en Eure-et-Loir.